Affiche française
BLOODSPIT | BLOODSPIT | 2008
Affiche originale
BLOODSPIT | BLOODSPIT | 2008
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oui
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Bloodspit

Bloodspit

Après "The Killbillies", les australiens Duke Hendrix et Leon Fish auraient aimé faire un porno. Petit problème : ils n'avaient pas le budget... pas d'actrices non plus. Alors ils ont fait Bloodspit.

Le conte Blaughspich (prononciation de Bloodspit par un Australien imitant l'accent germanique) est bien embêté. Le docteur Ludvic lui a dérobé son écusson, l'empêchant par là même d'accéder à l'outre monde pour se ressourcer. Cependant, herr doctor est incapable de se lever, poussé dans son fauteuil roulant par son assistant sévèrement secoué du bocal. Le conte a donc toutes les raisons d'être furieux. Comment cela a-t-il pu arriver ? Il avait pourtant demandé à son fidèle ami écossais de surveiller son cercueil pendant son sommeil.
Pas de chance, herr doctor a débarqué au moment où l'écossais retroussait son kilt pour donner un coup de cornemuse à la bonne de maison.
Comme si cela ne suffisait pas, la sœur du conte se réveille. La vieille acariâtre, affublé d'une mauvaise humeur presque aussi intenable que son appétit sexuel, va mener la vie dure au conte et à ses amis.

Pas de doute, on reconnaît la patte sacrément déjantée du duo australien. Après avoir pondu un "The Killbillies" surréaliste complètement barré, voici venue l'heure de remettre le couvert. C'est là que naît Bloodspit. Leon Fish et Duke Hendrix ont l'idée de ce qui sera plus tard Bloodspit, lors de la première de "The Killbillies". Ils auraient préféré faire un porno, mais faute de budget et d'actrices, ils se sont rabattus sur un film de vampire.
Stop !
Oui, j'ai bien dit "vampire" ! Si vous êtes un lecteur assidu de ces lignes, vous savez comme moi que la qualité des films de vampire présentés par Troma, est plus que douteuse. Ce n'est pas "Rockabilly Vampire" et son suceur de sang, réincarnation d'un Elvis raté, qui me contrediront. Pas plus que ce "Tainted", qui n'était ni fait ni à faire. C'est donc à contre cœur que je me suis attaqué au visionnage de Bloodspit. J'étais persuadé que j'aurais le droit à une heure et demie de pantalonnade de crétins gominés et encapés, aux canines en plastiques. Puis j'ai lancé le DVD. Et là, la présentation du film par Lloyd Kaufman et les deux australiens a atténué mes doutes. Bien que Lloyd soit en petite forme, les deux australiens débordent d'énergie et finissent la présentation la tête dans une cuvette de toilette, à manger une substance brunâtre. Sur ce, le film commence...

Dès les premières secondes, vous serez fixés quant à votre capacité à supporter / apprécier, les travaux du duo australien. Une sorte d'ersatz de nosferatu qui parodie poussivement la posture du vampire de Murnau, immitant un accent germanique absolument effroyable. Immédiatement, Bloodspit annonce la couleur : le film est une farce fauchée et complètement attaquée du cerveau. Autant prévenir les néophytes dès à présent : ceci n'est pas une superproduction !. Pour autant, les deux joyeux lurons ont réussi à doubler leur budget par rapport à leur premier métrage. "Nous avons disposé de 100 $ pour réaliser Bloodspit" explique Leon Fish. Hendix le coupe, "Non, on a dépensé 150 $". Ce à quoi son compère répond en riant, "la vache, on a explosé le budget !" Bien que cela soit présenté comme une plaisanterie, il ne fait aucun doute que le budget réel de Bloodspit était ridicule. Voire inexistant. Oui, ami cinéphile, il existe encore des gens qui font des films pour le plaisir ! On appelle ça des passionnés.
Dans le cas du duo venu directement du pays des kangourous, ce n'est plus de la passion, c'est de la rage. Faire un long métrage avec un tel budget relève du tour de force. Malgré tout leur talent, ne vous attendez pas à voir des immeubles exploser ou des dinosaures géants détruire toute une ville. En même temps qui ça intéresse des dinosaures géants ? Pourquoi pas une mite grande comme un immeuble de 30 étages, tant qu'on y est ?

Le mélange de cette rage cinématographique, combinée avec une absence notoire de moyens donne un résultat pour le moins déjanté. Leon Fish et Duke Hendrix semblent avoir été frustrés de ne pas avoir pu faire un porno. Résultat, les références sexuelles sont extrêmement nombreuses. Bloodspit multiplie les plans d'arrière train féminins. Impossible de compter le nombre d'apparitions de paires de fesses. Malgré la présence de culottes, le spectateur pourra observer que certaines actrices ne sont pas épilées. La question qui se pose est donc la suivante : quelle est cette étrange idée de tourner avec des dames touffues ?
L'aspect graveleux du métrage ne s'arrête pas là. Loin s'en faut. Lors de sa quête, herr doctor rencontrera un de ses anciens professeurs. Le savant (fou) a découvert une manipulation qui changera le monde : il sait comment greffer le cerveau dans le scrotum. Son premier cobaye étant lui-même, il pourra être dit que le savant a le cerveau à la place des couilles. Mieux, il a transplanté le cerveau de sa secrétaire vers ses seins. Ce n'est pas tout, et ce n'est pas non plus le pire spectacle qu'offre Bloodspit. Le spectateur ébahi assistera à une éjaculation faciale vampirique, à une fellation lycanthrope et à bien d'autres joyeusetés sexuelles.

Cependant, et je tiens à insister là dessus, le métrage est carrément fauché. La réalisation ne casse pas deux ailes à un vampire. L’image bruite souvent et les plans sont désespérément (presque) fixes. Pas de traveling donc, mais un léger mouvement dans les cadrages, signe que le chef op' a boudé le trépied.
Mais Bloodspit signe aussi une grande découverte pour le duo : le script. Ils en utilisent un pour la première fois et ça se sent ! C'est toujours aussi déjanté que "The Killbillies", mais la cohérence et la qualité a été revue à la hausse.

Alors si vous aimez le cinéma cheap (NdR : Bon marché) à l'excès, les blagues sales et les vampires à l'accent germanique, n'hésitez pas une seconde. Bloodspit c'est un peu "Nosferatu" qui aurait été réalisé par un John Waters sans le sous. De quoi réconcilier les amateurs suceurs de sang avec la Troma.

Note
5
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Colin Vettier