Bunny, opération pussy

Bunny the killer thing

En Finlande, quelques amis prévoient de passer le week-end dans une petite maison isolée dans les bois, bien décidés à consommer de l'alcool en quantité et aussi à avoir des rapports sexuels non tarifés. En chemin, notre fine équipe rencontre trois anglais tombés malencontreusement en panne sur une route égarée. Mais qu’à cela ne tienne, les britanniques -qui semblent toutefois cacher quelque chose- sont également conviés au bungalow afin d’y passer la nuit. Toutefois, une fois sur place, tout ce beau monde va se retrouver confronté à une terrifiante créature, mi-homme mi-lapin, essentiellement motivée par ses pulsions sexuelles qu’elle désire assouvir via son pénis démesuré...

BUNNY, OPéRATION PUSSY | BUNNY THE KILLER THING | 2015

Depuis "Père Noël Origines" et leur dépoussiérage du plus vieux mythe de tous les temps, les finlandais ne cessent de nous impressionner par leur inventivité dans le grand n'importe quoi ! Rappelez-vous également de l’inégal mais bien barré "Iron sky" avec ses nazis cachés sur la Lune et revenus conquérir notre monde ! Ici, préparez-vous à un film complètement hallucinant -d’un point de vue scénaristique, cela va de soi- et commençant avec des jeunes adultes qui vont passer la nuit dans un cabanon au fond des bois pendant un rude hiver. Puis tout à coup, un monstre étrange, croisement entre un homme et un lapin, obsédé sexuel de surcroît, fait son apparition. Il n’a qu’un seul but : violer et assassiner tout ce qui bouge ! Il n’a qu’un seul mot à la bouche : « PUSSY » ! Qu’il vocifère en faisant tournoyer son sexe disproportionné ! Avouons que ça paraît alléchant sur le papier tout ça, non !?

Alors de prime abord, si vous avez toujours voulu voir un lapin géant assassiner une tonne de personnes, ce film est normalement fait pour vous ! Si vous avez rêvé voir un long-métrage rendant hommage aux films de monstres des années 80 avec un gars dans un costume de lapin gigantesque, un gode prothétique attaché à lui, ce film est forcément fait pour vous ! Eh bien quelle désillusion car on a affaire ici à un film inabouti dans la forme et dans le fond, pas loin d’être une bonne purge des familles !

Le principal problème de Bunny, opération pussy, c’est avant tout son scénario extrêmement mince et surtout un manque de motivation général, du moins c’est ce que l’on ressent au visionnage car même si l’on devine le budget restreint, on a eu par le passé des métrages au financement de base riquiqui qui se sont avérés être des chefs-d’œuvre par la suite (cf. "Bad Taste"), donc il ne peut se cacher derrière des lacunes pécuniaires. Tout cela sent plutôt la fainéantise ou le manque d’idées « jusqu’au-boutistes », c’est selon. En effet, nous n’avons même pas le droit à une séquence de transformation digne de ce nom. Nous voyons juste le sérum mystérieux injecté (du sperme de lapin génétiquement modifié ?) dans l'homme qui finit par devenir directement un lapin géant, le tout filmé en hors-champ et sans processus graduel ou étape intermédiaire, rien. On nous balance tout de suite la sauce, si je puis me permettre ce jeu de mots misérable ! Normalement, on peut ne pas faire la fine bouche sur le manque de contenu du moment qu’il y a la forme ou bien alors quand c’est aussi divertissant que "Dead Snow 2 : red vs. dead" voire "Dead Snow". Mais force est de constater qu’ici, ça ne fonctionne pas et que l’on n’a finalement pas grand-chose à se mettre sous les mirettes.

Tout d’abord, les personnages pouvaient être intéressants car assez peu stéréotypés avec : la paire de policiers du cru un peu beaufs, deux gars à l’homosexualité refoulée qui se cherchent, une pop star suédoise kidnappée, une jeune femme gay n’ayant pas encore fait son coming out espionnée par un adolescent vierge et mateur, un couple qui a du mal à conclure, etc. Mais voilà, le réalisateur, perd son temps avec des scènes inintéressantes avec tantôt des relations sexuelles prébubères inabouties ou pas et on s’en moque, tantôt des dialogues puérils offrant peu d'humour malgré des personnages excentriques à souhait et surtout, la sous-exploitation de certains protagonistes comme ce duo de flics stupides qui aurait dû être le ressort comique du film mais qu’on ne voit que cinq minutes à tout casser !

Qu’à cela ne tienne, avec un tel scénario, on pouvait se passer d’une présentation des personnages en bonne et due forme et également de tirades éloquentes si et seulement si, on en avait eu pour notre argent côté gore qui tache ! Et encore une fois, Joonas Makkonen, le réalisateur aussi scénariste et acteur, rate le coche. A part une bonne explosion de tête, des mutilations d’organes génitaux et deux, trois scénettes trash, il n’y a pas de quoi satisfaire l’appétit vorace d’un amateur de barbaque et tripailles qui se respecte. Au lieu de cela, le cinéaste finlandais saute d'une scène à l’autre trop soudainement et remplit son film d’abondants silences maladroits qui en plus ne sont pas drôles !

Le casting est, quant à lui, composé d'un groupe éclectique de personnes dont certaines essaient de faire un travail décent dans leurs rôles, alors que les autres jouent hyper mal. Le seul intérêt, c’est de voir les « stars » du cinéma scandinave que sont Hiski Hamalainen, Enni Ojutkangas, Veera Vilo, Jari Manninen, Katja Jaskari et Matti Kiviniemi. C’est certes exotique, mais c’est bien peu pour nous contenter et demeure donc anecdotique !

En résumé, c'est mal joué, cheap au possible et le scénario tient sur un confetti mais il faut avouer que côté pitch, c'est du jamais vu et tellement hallucinant que ça mérite d'être visionné pour le croire ! Mais de là à lui mettre la moyenne, il ne faut pas non plus exagérer car c’est rempli de séquences longues et ennuyeuses, de blagues qui tombent souvent à plat (à moins que ce soit de l’humour finlandais ?) et surtout, de gore qui ne coule pas assez pour étancher suffisamment notre soif ! Moralité, il faut revoir les beaucoup plus accomplis "Dead Snow" ou bien carrément visionner le court-métrage de 2011 à l’origine du long présenté ici, certainement un format plus adapté pour séduire un peu plus le public !

BUNNY, OPéRATION PUSSY | BUNNY THE KILLER THING | 2015
BUNNY, OPéRATION PUSSY | BUNNY THE KILLER THING | 2015
BUNNY, OPéRATION PUSSY | BUNNY THE KILLER THING | 2015
Note
2
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Vincent Duménil