L'AVIS :

La première scène est une note de la police indiquant que les images que nous sommes sur le point de voir se trouvent sur une scène de meurtre, il y a donc peu de choses à gâcher sur l’intrigue et on saura donc à quoi s’attendre ! Tout commence alors avec Judith, une adolescente timide venant d’avoir un caméscope et qui va filmer sa vie de famille jusque-là lambda. Effectivement, au début, on ne voit que des scènes familiales classiques avec des bavardages semblant superficiels. Alors, même si cette partie semble longue, elle est nécessaire car elle sert à construire le contexte et à apprendre à connaître les personnages pour s’y attacher ou les détester, c’est selon.

Ainsi, nous apprenons rapidement que nous avons affaire à : Andy, un père quelque peu gauche, mais affectueux et attentionné, avec toutefois un soupçon d’ombre qui plane sur lui, en attestent les quelques plans furtifs sur son visage via la caméra de Judith, une ado sensible et en pleine recherche d’identité sexuelle, fille de Sheila, une mère qui semble être inébranlable mais parfois un peu trop rigide et également maman de Joe, un adolescent dans toute sa splendeur qui se comporte comme tous les garçons de son âge. Ainsi, on a un portrait crédible de la réalité quotidienne de tout quartier ou immeuble traditionnel : une surface parfaite avec ses défauts naturels et humains cachés ou apparents.

Par la suite, le secret que semble taire le père se révèle petit à petit, et nous commençons à assister alors à sa descente graduelle dans l’étrangeté d’abord (cf. les scènes de la piscine et du barbecue), puis dans la folie. Les dysfonctionnements de la famille King, jusque-là relativement ordinaires, se transforment rapidement en un gouffre de frénésie toujours croissante, menant à l’épreuve de force finale, qui se déroule dans la troisième partie. Cette dernière était redoutée depuis le début et elle fera froid dans le dos d’autant qu’elle pourrait concerner nos voisins, mais surtout notre propre famille…

Co-écrit et réalisé par Dom Rotheroe, Exhibit A prend tout son temps pour installer son décorum et ce sera là son plus grand défaut car cela pourrait en décourager certains de visionner la totalité du film jusqu’au bout, mais il faut pourtant louer toute l’attention portée aux protagonistes ! Au fur et à mesure que l’histoire se développe, on se retrouve ainsi à mépriser le garçon, à plaindre le père, à se soucier de la jeune fille, à se mettre en colère contre la mère, puis à voir tous ces sentiments altérés voire inversés dès lors que les événements se déroulent progressivement sous nos yeux. A ce titre, les performances des quatre acteurs principaux sont stupéfiantes, mais on retiendra surtout Brittany Ashworth et Bradley Cole, étant les plus impressionnants dans leurs rôles respectifs de Judith et de son père. La première expose brillamment la sensibilité d’une fille inquiète pour son géniteur, alors que le second vole la vedette à l’ensemble du casting avec son interprétation habitée d’un père en pleine dépression nerveuse, ce qui est parfois assez déconcertant à regarder. Alors, préparez-vous : vous ferez la connaissance de quatre personnes avec lesquelles vous serez en contact émotionnel, pour être submergé par le destin choquant auquel elles seront confrontées…

Au final, Exhibit A est un cauchemar à combustion lente sur les conséquences d’un surendettement auquel doit faire face un bon pater familias, le tout filmé sans aucune musique de fond ! Peu de métrages de found footage sont réalisés de manière aussi réaliste que celui-ci, le drame était cru, la famille qui se détériore au centre de l’histoire pourrait être celle d’à côté de chez vous, ou pire encore, la vôtre ! Coscénariste et réalisateur, Dom Rotheroe a créé une histoire inspirée des gros titres des faits divers, prenante et angoissante qui se trouve être un thriller suffocant capturant parfaitement la destruction d’une famille classique emmenant un père normal dans une direction inéluctable et sinistre des plus impensables. Parfois long, mais assez bien fichu malgré un budget qu’on devine limité et nanti d’acteurs très crédibles, ce film vous remuera au plus profond de vous-même, car le drame n’est que trop réel. A ce titre, les dernières minutes pourraient, malgré la majorité des plans en hors champ, vous hanter pendant un bon petit moment après visionnage. Dérangeant certes, mais on comprend bien le message !