Horror star
Frightmare (1983)
La dernière grande star du cinéma d'horreur, Conrad Ragzoff, vit dans l'oubli et en est réduit à tourner dans des films publicitaires, même s'il est toujours vénéré par de nombreux étudiants fans de cinéma d'horreur. A sa mort, Conrad Ragzoff est placé dans un mausolée d'un million de dollars. Les étudiants d'un ciné-club volent sa dépouille afin de passer une dernière soirée en sa compagnie. La femme de l'acteur demande l'aide d'une médium pour retrouver la trace de son défunt mari. La séance de spiritisme redonne vie au corps de Conrad Ragzoff, qui va alors décimer un à un les étudiants lors d'une nuit effroyable...
L'AVIS :
Filmé en 1981 mais terminé en 1983, Horror Star a été diffusé en cette même année lors du festival d'Avoriaz et n'a pas du faire grande sensation puisque depuis, il est assez rare d'entendre parler de cette comédie fantastique due à Norman Thaddeus Vane. La première chose qui m'a sauté aux yeux lors de mon visionnage, c'est la présence de certains noms au générique du film, comme Ferdy Mayne, Luca Bercovici et Jeffrey Combs principalement. Le premier est un acteur à l'imposante filmographie, célèbre pour avoir joué, entre autres, le comte vampire dans le film de Roman Polanski, Le Bal des Vampires. Le second n'est autre que le futur réalisateur du premier Ghoulies (1984), de Rockula (1990) ou de Profondeur (1994). Est-il nécessaire de présenter le troisième, devenu acteur fétiche de Stuart Gordon dès 1985, année où il interpréta le fameux docteur Herbert West dans le culte Ré-Animator ? Tous les fans de cinéma fantastique connaissent Jeffrey Combs bien évidemment. Un casting des plus engageants donc, ne reste plus qu'à voir si Horror Star tient la route derrière. Le scénario nous met en présence d'un acteur légendaire du cinéma d'horreur qui n'a plus la côte et qui va mourir dans une certaine indifférence, pour ensuite revenir d'entre les morts et se venger des jeunes adolescents qui ont volé son cadavre. En gros, imaginez en Conrad Ragzoff (joué par Ferdy Mayne) un Christopher Lee ou un Vincent Price de la grande époque, obligé de se produire dans des publicités ridicules et qui refuse de se laisser marcher sur les pieds par les petits nouveaux qui lui manquent de respect.
Le personnage, bien qu'antipathique de par sa stature et son comportement d'ex-star de l'épouvante, en impose, se déplaçant en costume et cape de vampire, fumant avec élégance, et parlant avec grande classe. Conrad Ragzoff refuse de voir sa célébrité s'amoindrir et préfère vivre dans le passé, se rediffusant sans cesse les vieux films dans lesquels il mettait son talent à profit du metteur en scène. Néanmoins, ce curieux personnage est loin d'être un saint car il ne va pas hésiter à éliminer les indésirables, poussant discrètement avec sa canne le réalisateur du film publicitaire assis sur le rebord d'un balcon qui fait une chute mortelle ou étouffant un de ses amis qui lui sort ses quatre vérités ! L'aspect comédie pointe donc le bout de son nez et la prestation de Ferdy Mayne nous amuse gentiment, avec ses répliques grandiloquentes et sa gestuelle maniérée. Une fois l'acteur décédé et placé dans un beau cercueil au fond d'un luxueux mausolée, le film poursuit dans la direction comédie fantastique, avec cette bande de copains fan de Conrad et qui ne trouve rien de mieux que de voler son cadavre pour le faire participer à une soirée dans une demeure abandonnée, ancien lieu de tournage des vieux films de l'acteur. Si prendre un repas avec un mort, jouer et même danser avec lui n'est pas très drôle de prime abord, cela semble pourtant bien amuser les cinq adolescents insouciants et j'avoue que leurs excentricités m'ont fait également bien sourire. Mais bon, il serait temps d'attaquer les choses sérieuses non ? C'est ce qu'à du se dire le réalisateur, qui est également scénariste, et qui va faire bifurquer sa comédie fantastique dans le slasher surnaturel, une fois qu'une médium soit parvenue à faire ressusciter notre pote Conrad ! L'acteur pourtant raide mort va donc se lever de son cercueil et devenir un boogeyman aux pouvoirs étranges, qui va se mettre en chasse de ses futures victimes. Quelques scènes doucement horrifiques vont alors poindre le bout de leur nez, avec un petit arrachage de langue à main nue, asphyxie par des gaz toxiques, décapitation au sabre de notre pauvre Jeffrey Combs ou vision d'une jeune fille qui va s'enflammer au sens propre par exemple. Rien de bien méchant ni de très gore, l'amateur d'horreurs visuelles restera un peu sur sa faim à n'en point douter. Surtout que la VHS sur laquelle j'ai visionné le film propose une image franchement très sombre sur l'ensemble du film, ce qui n'aide pas du tout à mettre en valeur les rares effets-spéciaux visibles durant les 86 minutes que dure Horror Star.
Qui plus est, le réalisateur Norman Thaddeus Vane semble vouloir rendre continuellement hommage au cinéma d'épouvante d'antan et parsème donc chaque séquence mettant en vedette Conrad le mort vivant de fumée et de brume, histoire de verser à fond dans l'ambiance gothique ! Déjà qu'il fait très sombre mais si on rajoute en plus de la fumée, inutile de vous dire qu'on n'y voit vraiment pas grand chose la plupart du temps. Est-ce la copie de la VHS qui manque de luminosité ou est-ce la pellicule originale qui est comme ça ? Je ne peux pas vous en dire plus. Horror Star est au final une petite série B sans le sou qui plaira avant tout aux fans des 80's. Le manque d'argent se ressent, le casting s'en sort correctement sans être jamais transcendant, les personnages ne sont guère travaillés, hormis Ferdy Mayne bien sûr, qui cabotine à mort et semble s'amuser comme un fou. L'ambiance, tantôt humoristique, tantôt sérieuse, n'est pas trop mal restituée, la mise en scène sans éclat se contente de faire le job. On retiendra principalement une scène surréaliste, dans laquelle le cercueil de Conrad va léviter et attaquer une jeune fille en détresse ! Original non ?
Sinon, rien de réellement transcendant, le film sait divertir si on en attend pas trop mais il reste très plan-plan et ne marquera guère les esprits. Il retombera dans l'oubli où il était déjà cantonné je pense, même si l'éditeur 88 Films, ainsi que l'éditeur Vinegar Syndrome l'a exhumé en Blu-ray. Les captures d'écran via ce support numérique sont nettement moins sombres que mon image VHS. A noter que le titre original de Horror Star est Frightmare et qu'il ne faut donc pas le confondre avec le film au titre homonyme de Peter Walker. Si vous voulez que la légende de Conrad Ragzoff se poursuive, vous n'avez plus qu'à trouver et regarder ce film. Ah oui, à un moment, Conrad regarde un vieux film qui met en scène Christopher Lee dans Les Temps sont durs pour les Vampires. Un clin d'oeil sympa de la part du réalisateur qui avait proposé le rôle de Conrad à Lee justement mais ce dernier a décliné l'invitation.