Affiche française
Mads | Mads | 2024
Affiche originale
Mads | Mads | 2024
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oui
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Mads

Mads

Un adolescent s'arrête chez son dealer pour tester une nouvelle drogue avant de partir faire la fête. Sur le chemin du retour, il récupère une femme blessée. La soirée prend une tournure surréaliste...

Mads | Mads | 2024

L'AVIS :

L'horreur à la française est un genre caractériel qui n'hésite pas à maltraiter son public pour davantage d'efficacité. Violence crue, brutalité sans concession, climat anxiogène ; voilà des ingrédients récurrents qui alimentent la sauce nationale lorsque celle-ci ne tombe pas dans les travers du drame social auteurisant. Dès la première décennie du second millénaire, une vague épouvantable va s'abattre sur les toiles : la French Frayeurs, regroupant des auteurs transgressifs et radicaux dans leur traitement de la violence tels que Pascal Laugier, Alexandre Aja, Xavier Gens, le duo Bustillo - Maury, ou encore David Moreau que nous avons honteusement tendance à oublier alors qu'il nous avait asphyxié avec son terrible survival, "Ils".

Après quelques réalisations abouties dans l'indifférence de son public, voilà que le bonhomme prend la direction d'un retour aux sources et nous livre un nouveau film fortement anxiogène qui redressera notre intérêt à l'égard de son travail.

Adoptant le "one-shot-movie" consistant à dérouler la bobine sur un seul plan séquence apparent, David Moreau utilisera les méthodes sophistiquées de l'ère moderne pour introduire son spectateur dans l'action en temps réel. Prouesse technique associée à la performance d'acteur, le défi du film en plan séquence est réussi, mais ne surprend plus aujourd'hui en raison des produits similaires déjà au sommet de cet art (on pensera à "The Silent House", "Climax", "1917", "Bridman", "Utoya, 22 Juillet"). Néanmoins, l'immersion va bien au-delà de la technicité, car la thématique parvient à justifier la prise de vue en temps réel et le suivi permanent de trois personnages principaux qui se relaieront au cours de leur épouvantable expérience sensorielle.

En effet, les premières minutes amorcent un trip imminent par la prise d'une drogue inconnue. Une sorte de poudre cuivrée ingérée par inhalation nasale, dont les effets psychotropes seront amalgamés à une contagion virale tout aussi inconnue, créant une confusion entre la démence et la substance. Drogué et/ou contaminé ? Le flou subsiste, et voilà que nous, spectateurs raisonnables et sains d'esprit, nous plongeons corps et âme dans cette descente infernale et dynamique avec les personnages que nous suivons incessamment.

Ne serait-ce pas ce bon vieux Gaspar Noé en train de nous confectionner un remake de "The Crazies" ? Il ne serait guère étonnant de voir "Climax", "Enter the Void" ou "Irréversible" figurer parmi les inspirations premières de David Moreau au moment où sa caméra capturait ce long parcours dévastateur. Assiégés par une organisation de protection contre les cas de contamination, nos personnages déambuleront dans les ruelles sinueuses de leur quartier aux lumières aveuglantes et aux silhouettes fantomatiques subtilement dissimulées. La détresse émotionnelle se fait ressentir, la perdition psychique génère un sentiment d'inconfort et le climat anxiogène des divers décors explorés par nos jeunes drogués pèse sur nous à tel point que la tension palpable nous évoque celle que "Ils" procurait avec brio.

Superposés à tout ça, des cadrages minutieux et fluides loin des caméras au poing frénétiques, une variation d'ambiances lourdes et étouffantes qui s'accompagne de bourdonnements sonores écrasants, et une performance d'acteur remarquable qui n'est pas sans rappeler celle d'un certain "Possession" de Zulawski, plus particulièrement l'actrice Laurie Pavy qui, sous ses airs de radasse à la voix enrouée dégageant une haleine de cigarette froide mêlée au chewing-gum à la menthe, nous captive par la véhémence de son regard et l'instabilité de ses mouvements erratiques imprévisibles.

Bien que le film ait l'air de se perdre dans son propre jeu en prenant des directions aléatoires et multiples sans pour autant toutes les exploiter, "MadS" reste une claque inattendue que nous prenons plaisir à suivre, à condition que, bien sûr, nous soyons familiers avec l'idée de bad trip et de cinéma psychédélique dont l'expérience absente toute forme de scénarisation explicative. Souvenez-vous du found-footage "The Outwaters" dont la narration désertait au profit d'un appel aux sens... Voilà son équivalent urbain, l'hermétisme en moins.

Un film de contagion dans lequel la drogue se manifeste pour flouter les pistes, et faire du sentiment paranoïaque une démence fantasmagorique sans issue possible. L'angoisse à la française se porte bien, et lorsqu'on est témoin de ce genre de prouesse, pas étonnant qu'on en devienne accro...

Mads | Mads | 2024
Mads | Mads | 2024
Bande-annonce
Note
4
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Nicolas Beaudeux