Humains

Humains

A la suite de la découverte d'un crâne humain provenant d'une ancienne fouille faite par un scientifique russe dans l'entre-deux guerres mondiales, des chercheurs français partent dans le Lotschental dans les Alpes Suisses enquêter sur cette découverte scientifique qui pourrait remettre en question toute la filiation de l'espèce humaine. Cette vallée perdue accueillerait une tribu de Néandertaliens ayant réussi à survivre depuis l'époque où ils sont censés avoir totalement disparus de la surface de la Terre.
Une famille de touristes, venue voir le carnaval du Lotschental et ses fameux (sic) Tchagattas, voyagent avec eux. L'aventure tournera au cauchemar... et pas que pour les acteurs.

HUMAINS | HUMAINS | 2009

Il est des films dont on se demande...dont on se demande quoi allez-vous me dire, avec toute la présence d'esprit qui caractérise les lecteurs d'Horreur.com ?
Eh bien, dont on se demande comment un financement a pu être trouvé, comment des producteurs ont pu miser dessus, comment les réalisateurs ont pu croire qu'ils seraient capables de faire un film avec si peu de connaissances de la grammaire cinématographique (ok, c'est un film de commande, ok ils n'ont pas eu les mains libres, mais quand même !), comment les dialoguistes ont pu pondre de telles répliques, comment des acteurs, pourtant confirmés, ont pu se perdre à ce point, comment Humains a-t-il pu bénéficier d'une sortie en salle, comment, comment, comment ?
C'est triste et pas spécialement agréable d'avoir à dire autant de mal sur un film, surtout un film français qui tente de mêler aventure, survival, SF et horreur sur un pitch ma foi intriguant et qui avait au moins le mérite d'une certaine originalité. Mais c'est un fait, "Humains" est totalement raté, de A à Z, totalement, irrémédiablement, un de ces films qui sortent de l'ordinaire, mais pas du côté escompté. Comme un chef-d'œuvre, mais à l'envers.

Dans la poignée de films de genre réalisés dans l'Hexagone, ce métrage se rapproche de l'inénarrable "Promenons-nous dans les bois", même ennui, même sourire gêné devant l'humour involontaire qui s'en échappe, même traumatisme de la rétine, même envie de demander le remboursement de son ticket de cinéma ou de son DVD.

Evidemment l'auteur de ces lignes serait bien infoutu de réaliser ne serait-ce que 30 secondes d'un court-métrage, mais il a suffisamment vu de films pour savoir quand un réalisateur (en l'occurrence deux) n'arrive visiblement pas à utiliser une caméra à bon escient, quand il est incapable de faire un montage à même de sauver ce qui peut l'être, quand il est autiste à la direction d'acteurs. Ca peut paraître gratuitement méchant, mais hélas tellement visible.
"Le fait de gloire" (avant celui-ci) des deux metteurs en scène est d'avoir été en charge des effets spéciaux du film " A l'intérieur", à l'évidence ce n'est pas le même métier.

C'est bien beau d'avoir des références ("Délivrance", " The descent" et toute une flopée de survivals) encore faut-il avoir les moyens de le mettre en images (même si la photographie est assez crédible et réussie).
On dit aussi souvent qu'un film peut être sauvé au montage, or à l'évidence celui-ci ne fait qu'accentuer le malaise. Un montage haché qui coupe parfois des scènes dont on se demande bien pourquoi, pour enchaîner sur une autre scène sans souvent aucune cohérence. Ne parlons même pas du montage des (rares) scènes d'action dont l'impact est considérablement amoindri (la traversée du torrent, l'accident de voiture mon Dieu l'accident de voiture ! A-t-on déjà vu accident aussi illisible au cinéma ?, les " combats " entre Néanderthaliens et Homo-Sapiens, etc.).

Bien, parlons maintenant du film en lui-même. Comme le disent si bien nos amis de Nanarland, on a l'impression qu' "Humains" a été directement fait pour leur faire plaisir. Comme un hommage ou une promo gratuite. Sauf que le film se prend beaucoup trop au sérieux pour revendiquer le titre hautement symbolique de nanar (s'ils ne sont pas d'accord, on les attend à 6 heures sur-le-champ et on se battra à coup de VHS de Bruno Mattei !).

Commençons par le casting. Dans la catégorie erreur de casting, je voudrais le responsable !
Franchement il avait bu ou abusé de substances hallucinogènes ? Laurent Deutsch en baroudeur Indiana Jonesque ? Le chef de l'équipe capable de rassembler les troupes ? A la limite il pourrait rassembler des invités pour les amener vers un cocktail mais c'est bien tout.

Dominique Pinon en amateur d'escalade ? On le voit super bien en pleine varappe, escalader les sommets, accroché à des parois vertigineuses ! Ne parlons même pas de la Sarah Forestier qui hormis son patronyme à l'air de connaître les endroits forestiers comme Jack Lang connaît le métier de routier. Il y a aussi la jeune adolescente qui crie faux et dont la seule présence à l'écran nous donne envie d'égorger n'importe quelle adolescente passant dans les parages. Reste Philip Nahon, pas trop mal, mais qui préfère se tuer au bout d'une demi-heure plutôt que de voir la suite.
Tout cela est aussi crédible que la politique sociale et humaniste de notre gouvernement actuel.

Ok, les acteurs arrivent à jouer plus mal que le moindre tronc d'arbre qui jonche leur parcours, le montage pourrait donner naissance à un nouveau type de cinéma, la pauvreté des dialogues devrait être interdite par la convention de Genève, la manière de rendre compte du danger qui règne dans les bois fonctionne mieux dans un épisode de Tom Sawyer, mais cela n'est rien, absolument rien comparé à la substantifique moelle que représente l'histoire en elle-même, ou plutôt le salmigondis qui sert de prétexte au scénario avec son lot d'invraisemblances et de choix pour le moins bizarres (à défaut d'user d'autres adjectifs qui rendraient le propos fort impoli, du genre... con, débile, ridicule, grotesque, saugrenu, inepte, couillon...ad libitum). Au départ, on a donc une découverte scientifique qui oriente les recherches vers une vallée perdue, ou ça ? En Suisse... Ok, ce charmant pays est fort vallonné, mais de là à ce qu'une tribu de Néandertaliens puisse s'y cacher depuis des millénaires, c'est pour le moins curieux, surtout que leur campement est facilement accessible puisqu'on y trouve des routes (des vraies, avec goudron et tout) et même quelques habitations proches ! A un moment j'ai bien cru que nos amis tout pas beaux allaient nous sortir un téléphone portable et regarder un épisode des Pierrafeu à la télé ! Mais admettons.
Nos vaillants amis arrivent donc en Suisse, sont au prises avec de redoutables Tchagattas (des types avec des masques fêtant une sorte de coutume locale que l'on croirait tout droit sortie de feu " les jeux de 20 heures" ), il ramasse Pinon et sa famille au bord de la route et là c'est le drame !

Le Deutsch regarde en arrière alors qu'il conduit et paf ! (non pas le chien !) il percute un truc et sort de la route et fait une chute de plusieurs dizaines de mètres. On ne saura qu'à la toute fin ce qu'il a percuté dans une tentative des auteurs de raccommoder les morceaux de leur histoire à la manière de quelqu'un tentant de recoller une porcelaine avec de la colle UHU.

Normalement avec un accident pareil, il devrait y avoir des morts (plein), des blessés, du sang, des membres disloqués, des larmes et des morceaux de cervelles sur les arbres. Pensez-vous ! Sont en titane nos acteurs !
Alors, évidemment Nahon préfère mourir plutôt que de continuer à tourner dans ce film, mais les autres ? Une des femmes a bien une épaule douloureuse et le Deutsch une jambe cassée mais c'est bien tout, et surtout ça ne va pas les empêcher de courir comme des lapins 10 minutes plus tard, l'air des Alpes a décidemment des propriétés plus que raffermissantes pour les chairs et les os !
Bref, tout ce beau monde se met en route, et après de longues minutes de palabres interminables, une traversée d'un torrent qui fait souffrir la rétine et de multiples rebondissements (nan je déconne), ils tombent nez à groin avec nos sémillants hommes de la Préhistoire. Et là, on peut réellement se demander si les auteurs ont fréquenté le cours préparatoire. Le Néanderthalien fait donc entre 1 m 80 et 2 m, pèse facile le quintal à l'âge adulte et a une tête qui ressemble à celle d'un croisement entre Elephant-man soumis à des radiations et un des rednecks croisés dans "La colline à des yeux". On nous aurait donc menti ?

Ensuite ? Ne comptez pas sur le chroniqueur pour vous dévoiler le fin mot de l'histoire, il ne voudrait pas vous en priver, et puis il a déjà bien trop écrit sur un métrage qui fait peine à voir.
Ca va être délicat après ça de défendre le film de genre en France.
Triste comme un été qui s'achève et qui voit partir les derniers rayons d'un amour qui s'enfuit (snif).

HUMAINS | HUMAINS | 2009
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Note
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Lionel Jacquet