Affiche française
OCCIDENT - STRATROSS LE MAGNIFIQUE | OCCIDENT - STRATROSS LE MAGNIFIQUE | 2008
Affiche originale
OCCIDENT - STRATROSS LE MAGNIFIQUE | OCCIDENT - STRATROSS LE MAGNIFIQUE | 2008
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Occident - stratross le magnifique

Occident - stratross le magnifique

Quelque part en Europe, la famille Reichmann, famille aristocratique d'idéal socialiste, s'agrandit après la naissance d'un bébé métis au sein de ses rangs. Suite au départ du courageux père, Ariana ne désira point garder son fils et le confia à son frère, un dénommé Adolf, un être pervers et méchant. Celui-ci lui donna le nom de Statross et lui cacha durant plusieurs années l'identité de son véritable père, n'hésitant pas à se faire passer pour lui sans le moindre scrupule.
Les années ont passé et aujourd'hui le jeune Statross mène une vie quelque peu tourmentée, à l'écart de sa famille, avec un jeune homme blanc raciste et partisan d'extrême-droite. Le quotidien de Statross n'est pas simple à gérer, entre les perpétuels conflits avec son amant et son désir insatiable de retrouver les traces de sa mère qu'il n'a pas vu depuis bien trop d'années déjà. Mais comme si un malheur n'arrivait jamais seul, Statross semble soudain en proie à une force malveillante qui s'empare peu à peu de l'ensemble des personnes de son entourage.

OCCIDENT - STRATROSS LE MAGNIFIQUE | OCCIDENT - STRATROSS LE MAGNIFIQUE | 2008

Suite à un premier opus en 2006 intitulé à juste titre "Statross le magnifique" et réalisé par Rémi Lange, un adepte de films direct-to-dvd (ce qui n'est pas pour nous déplaire, ainsi soit dit), le second opus de cette trilogie voit le jour deux ans plus tard sous le nom "Occident – Statross le magnifique 2". Réalisé cette fois-ci par Jann Halexander, qui était acteur dans le premier volet, le film se veut une suite complètement autonome de "Statross le magnifique". Toujours annoncé sous les mots "race, sexe et mort", ce deuxième opus tend vers ces mêmes thèmes et nous peint une histoire d'amour impossible entre deux hommes dont tout semble diamétralement opposé. Voyons donc de plus près ce second volet de Statross, notre cher métis bisexuel joué par Jann Halexander.

Avant toute chose, revenons un peu sur la carrière de Jann Halexander. Né d'un père gabonais et d'une mère française, le jeune homme métis découvre très tôt la Grande musique avec des musiciens tels que Beethoven, Chopin ou encore Brahms. Une passion naquit alors pour la musique classique, une passion engendrée entre autres par une mère professeur de musique. Suite à des études de géographie, le jeune diplômé se rend compte que ce qu'il désire faire avant tout dans la vie c'est de la musique. Mais pas n'importe laquelle : des chansons sur fond de pianos, oscillant entre le blues et la variété française, et ayant la plupart du temps comme thème l'amour, la mort et la race (notamment dans le très bon morceau "Brasillach 1945", présent dans les bonii du dvd, et qui fait référence à un écrivain antisémite supposé homosexuel et fusillé au lendemain de la guerre), des thèmes de prédilection pour ce virtuose indépendant. De cette percée dans le monde de la musique, le jeune chanteur prendra comme pseudonyme Jann Halexander, tiré du nom d'une sculptrice africaine, Jane Halexander, connue pour ses œuvres représentant des hybridations en tout genre. Après deux maxis, son premier album intitulé "Halexander songs" sort avec dix titres à la clef toujours teintés de ses thèmes favoris : la mort, la sexualité à double sens, la névrose, le métissage… Des thèmes que l'on retrouvera tout au long de sa jeune carrière de chanteur mais également d'acteur et de réalisateur pour la confection de la trilogie de "Statross le magnifique".

Tourné en 2008, "Occident" est un film d'auteur court malgré qu'il soit tout de même deux fois plus long que son prédécesseur. La création de ce deuxième volet est due en grande partie à Jann Halexander qui a écrit et réalisé le film mais en a également confectionné la bande originale, une très bonne initiative pour cette dernière qui est tout simplement bluffante : c'est certainement la force la plus évidente de ce film mais nous y reviendrons un peu plus tard si vous le voulez bien (de toute façon, vous n'avez pas le choix! RIRES!).

Parlons tout d'abord du squelette du film, à savoir son scénario, son rythme, son casting et ses dialogues. Soyons franc sur certains points, la réalisation est loin d'être parfaite même si l'on sent une certaine volonté de Jann Halexander à nous choquer et à nous emmener dans une spirale de tourments qui ne cessent d'assommer notre jeune Statross. Tout comme Rémi Lange, Jann Halexander véhicule un certain amateurisme souhaité dans son œuvre, prouvant cependant assez couramment ses limites. En effet, le film souffre bien trop souvent de lenteurs (on prendra pour exemple le passage où Statross rencontre sa mère) et de dialogues interminables qui déstabilisent le moyen-métrage et provoquent un certain ennui lors de passages mous et sans grande importance pour la bonne compréhension du scénario. A cela s'ajoute un jeu d'acteur pas toujours adéquat, notamment concernant certaines personnes qui semblent réciter un texte appris par cœur sans y mettre la moindre intonation (je pense plus particulièrement à l'acteur Philippe R. qui joue le rôle de Hans, le jeune home nazi amant de Statross, et à l'acteur Serge de la Valette, interprétant Yoshua, la personne chargée de vendre les appartements de Statross, certainement l'interprétation la moins convaincante de ce film d'auteur). Toujours en termes de réalisation, notons par ailleurs que le film gère assez mal les scènes angoissantes, à suspense (quand les amis de Statross disparaissent brusquement), celles-ci se limitant à des ralentis et à un rendu flou de la photographie, suscitant pas le moindre sursaut (cependant, celui-ci était-il désiré par le réalisateur? Est-ce véritablement l'une des sensations qu'il voulait provoquer chez le spectateur?...).

Mis à part ces points négatifs, mais ô combien importants pour juger de la qualité d'une œuvre cinématographique (le scénario, le rythme et le casting sont indéniablement les critères les plus importants pour coter un film selon moi), citons toutefois quelques détails fort intéressants dans ce moyen-métrage. Tout d'abord, saluons la très bonne idée du réalisateur de diviser son film en chapitres en insérant au début de chacun un panneau mentionnant le numéro du chapitre ainsi que la nomination de celui-ci, ce qui rappelle sans conteste le cinéma muet d'antan (avec des chefs d'œuvres comme "les temps modernes" par exemple). Notons par ailleurs quelques phrases très crues qui font mouche et touchent de plein fouet le spectateur, aussi avisé soit-il ("Ce n'était pas mon père : j'comprends mieux pourquoi il me violait maintenant", Statross). Une violence verbale qui s'accentue ensuite lors d'une légère confrontation entre les deux amants où Hans n'hésite pas à rabaisser son ami en dénigrant sa mère et en nous faisant part de sa haine vis-à-vis des gens de couleur, à la manière d'un Aryen des années 40 ("Ta mère s'est bien fait baiser par un gros nègre qui puait la merde…", Hans). Des phrases crues qui, une fois de plus, montrent que ce moyen-métrage, comme son prédécesseur, n'est pas à mettre entre toutes les mains.

Passés ces quelques points sur la réalisation en général, parlons de ce qui est certainement le point fort de ce film d'auteur : la bande originale. Pour être franc avec vous, avant de voir le dvd de "Occident", je n'avais jamais entendu parler de Jann Halexander. J'avoue qu'après avoir vu le film, je me suis précipité sur le net afin d'en savoir plus sur ce talentueux chanteur et musicien, si peu commun et aux textes si névrosés. La bande originale, teintée de notes de piano méticuleuses et magnifiquement orchestrées pour donner à nos oreilles ces sons et ces mélodies si envoutantes, est tout simplement magistrale. Rares sont les films qui peuvent se vanter de posséder d'aussi bons passages de piano (et je n'exagère pas), collant aussi parfaitement avec l'atmosphère du film (on retiendra entre autres la musique des génériques et celle du passage du bar). On regrettera cependant que certains passages soient bien tristes, sans musique de fond…
Notons par ailleurs que vous retrouverez dans les bonii du dvd 7 chansons de Jann Halexander, dont "le mulâtre" et "Brasillach 1945". Une occasion d'en connaitre un peu plus sur la vie d'artiste musical d'Halexander.

En définitif, ne cachons pas que "Occident" déçoit par un scénario envahi de lenteurs et de dialogues fort dispensables. Certains seront déçus de ce film d'auteur, et j'en fais malheureusement partie, tandis que d'autres seront enchantés d'y trouver quelques bonnes idées par-ci par-là, en fouillis mais réellement présentes. Je pense pour ma part que deux visionnages peuvent être recommandés pour ce genre de film qui peut rebuter aux premiers abords mais dont l'on peut tout de même tirer quelques bonnes idées, certes moyennement acheminées mais la volonté y était…
Cependant, ne négligeons pas ce petit coup d'essai du chanteur Jann Halexander et encourageons-le plutôt à continuer à se perfectionner dans ce domaine d'où l'on ne sort pas toujours vainqueur, le public étant de plus en plus exigeant et intolérant vis-à-vis des œuvres contemporaines. En tout cas, espérons que si Jann Halexander réalise d'autres films, il y ajoutera à nouveau sa propre musique, fluide et enivrante, qui donne indéniablement une réelle touche de fraîcheur à l'intégralité du film (et pourquoi ne pas devenir compositeur de musiques de film? Sincèrement, je pense qu'il peut donner de grandes contributions dans ce domaine…).

OCCIDENT - STRATROSS LE MAGNIFIQUE | OCCIDENT - STRATROSS LE MAGNIFIQUE | 2008
OCCIDENT - STRATROSS LE MAGNIFIQUE | OCCIDENT - STRATROSS LE MAGNIFIQUE | 2008
OCCIDENT - STRATROSS LE MAGNIFIQUE | OCCIDENT - STRATROSS LE MAGNIFIQUE | 2008
Note
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David Maurice