Ratman
Quella villa in fondo al parco & terror house
Dans une petite île paradisiaque, un savant crée un hybride homme-rat, qui parvient malheureusement à s'échapper. Les meurtres abominables se succèdent alors. Pendant ce temps, une jeune femme vient pour découvrir le corps de sa soeur mannequin soi-disant morte. Mais celle-ci est bien vivante.
"Ratman" naît en pleine chute du 'bis' italien, dont il est l'un des derniers véritables héritiers. Réalisé par l'assez méconnu Giuliano Carnimeo, qui prend ici le pseudonyme d'Anthony Ascott, il met en scène une histoire au potentiel horrifique efficace, il faut l'avouer: un savant crée un effroyable homme-rat, qui s'échappe de sa cage et sème la panique sur une petite île.
L'ouverture est très maîtrisée, donnant lieu à un endroit quelque peu isolé en pleine nuit, où le savant en question raconte la génèse de sa créature. Par ailleurs, il le nomme affectueusement "ratounet". Cette petite introduction donne déjà au spectateur un bel échantillon d'atmosphère macabre, ne manquant pas d'humour noir.
David Warbeck et Janet Agren, les deux interprètes principaux, sont des "stars" du 'bis'. Ils se débrouillent relativement bien. Ce n'est malheureusement pas toujours le cas de la belle Eva Grimaldi (que l'on pourra voir quelques années plus tard dans la célèbre comédie française "Les anges gardiens"), qui affiche là un jeu d'actrice pas entièrement convaincant lorsqu'il s'agit d'être effrayée. Mais peu importe, on n'est pas là pour ça. Ce qu'on veut, c'est du sang et de la terreur. Et de la terreur, "Ratman" en contient quelque peu, du moins quelques bons effets de suspense, comme lorsque une jeune femme traverse une rue en pleine nuit et se retrouve confrontée à un psychopathe, ainsi qu'à la créature.
Parlons justement de cette créature, intitulée "Ratman" dans le titre. Elle est tout simplement interprétée par un véritable acteur en chair et en os, nommé Nelson de la Rosa. Un être difforme et minuscule, littéralement appelé "L'homme le plus petit du monde" sur la jaquette VF. Rien que ça. A vrai dire, toute l'efficacité (et l'originalité) du film repose sur cet élément, et voir ce petit personnage physiquement hors du commun jouer les hybrides homme-rat dangereux et mortels confère un aspect au final très malsain à l'ensemble. Même si son maquillage se résume probablement à une paire de dents inimaginablement pointues, ainsi qu'à un noircissement de peau, l'effet suffit largement et fonctionne parfaitement. On peut même se surprendre à afficher un certain effroi quant à la vision de cet être.
Les attaques du Ratman oscillent entre l'efficacité gore et assez atroce (effusions de sang, cris de rongeur effroyables et agonie des victimes), et l'amateurisme évident (des griffes en carton-pâte "astiquant" la caméra qui se met à la place de la victime).
Evidemment, l'intrigue n'est pas particulièrement bien construite et on constatera parfois quelques baisses de rythmes désagréables ainsi que quelques incohérences flagrantes. On est tout de même heureusement loin des inommables séries Z fin 70 début 80 du 'bis' et le film s'oriente déjà davantage ici vers la série B.
On appréciera l'excellente bande-son de Stefano Mainetti, qui compose ici une musique synthétique tonitruante et angoissante, rappelant les meilleures partitions des Goblins.
Au final, on assiste là à l'un des ultimes joyaux du 'bis', mettant en scène un véritable monstre humain dans le rôle-titre. Peu de films ont réelement osé le faire (cf. on pensera au légendaire "Freaks", même si les monstres en question ont ici un tout autre rôle) et c'est là tout l'impact de ce "Ratman", dont on oubliera aisément les quelques maladresses de réalisation. À voir.
* Nelson de la Rosa a également joué dans "L'île du Docteur Moreau" de John Frankenheimer avec le grand Marlon Brando dans le rôle-titre.