Red room 2
Shin akai misshitsu (heya): kowareta ningyô-tachi
Amis et amies du bon goût, de la tradition romantique, de la réflexion métaphysique, de la beauté nacré où le style le dispute à la grâce, de la défense des bonnes moeurs, bienvenu(e) chez vous.
En effet quoi de plus terriblement attirant et poétique qu'un fist fucking dantesque, qu'une bonne bouillie à base de vomi encore chaud ou qu'un nettoyage nasale avec une brosse à dents ?
Oui je sais, cela donne de suite envie de créer un poème, de s'asseoir au bord d'un lac un soir d'automne pour donner à manger aux canards avant de préparer un dîner aux chandelles avec sa dulcinée ou son Roméo. Romantisme quand tu nous tiens !
Mais trêve de billevesées et d'ironies mal placées.
Daisuke Yamanouchi est un réalisateur de "Pinku eiga" ( grosso-modo, la sexploitation japonaise pour faire simple) rendu "célèbre" avec des titres aussi printaniers et primesautiers que "Blood Sisters, Atrocity Stroke ou Virgin Hell 1999" ( tout un programme donc). Une personne oeuvrant dans les soubassements crapuleux, racoleur et indécent de l'underground japonais.
Mais à la différence d'une émission de TF1 par exemple, le budget alloué à ses réalisations est proche du PIB de la région la plus pauvre du Bangladesh une année d'inondation.
Comme dans le premier opus, Red Room 2 met en présence quatre personnages lors d'un jeu télévisé ( à quand sur une chaîne hertzienne ? audience garanti !) qui vont devoir surmonter des épreuves épouvantables pour gagner une mallette remplie d'argent.
Le principe du jeu étant de tirer au hasard dans un jeu de cartes, celle qui permettra de désigner deux autres candidats qui, enfermés dans une cage, devront alors en trois minutes relever un défi à l‘aide d'ustensiles divers et variés.
Inutile de compter sur un quelconque suspens ( encore que la fin réserve une surprise au candidat vainqueur ), une quelconque qualité dans les dialogues, une touche artistique dans la manière de filmer, le but étant d'écoeurer le plus possible le spectateur potentiel.
Et il faut bien dire que si l'on fait abstraction du manque de talent évident qui le caractérise, Daisuke Yamanouchi ne ment pas sur la marchandise, de la pornographie de bas étage, du stupre, de la fange, de l'ignominie, du racolage pur et simple, vous en voulez ? Et bien je vais vous en donner !
Un personnage doit éjaculer sur le visage d'une femme en train de lécher une ampoule ( Freud quand tu nous tiens !)
Un homme attaché sur une chaise se voit insérer une brosse à dents dans sa narine (afin de le soigner de sa sinusite ?)
Une strangulation, une ingestion de vomi ( un peu comme dans Bad Taste mais en moins fun donc )
Un fist-fucking allant jusqu'au retrait du foetus que portait en elle une femme ( préparez donc une grande bassine si vous êtes sujet à des soucis digestifs ), scène qui ressemble d'ailleurs fort à une autre visible dans le film "Subconscious Cruelty ", mais en beaucoup moins bien filmé.
Le reste étant à l'avenant et dans la même veine.
Certains objecterons qu'un tel film est le signe indubitable d'une grave maladie mentale, que le réalisateur devrait plutôt aller voir un docteur de la tête et que les spectateurs attirés par ce type de produits ne sont que des pervers indigne de faire parties du genre humain. Que l'on devrait enfermer, soigner, écarteler et castrer toute cette sale engeance !
Certes ce n'est pas faux, mais voilà, même la pire des choses, même l'abjection la plus totale fait ( hélas !) parti de l'être humain et ne serait-ce qu'à ce titre ce type de production a le mérite d'exister afin de nous le rappeler avec force et vigueur.
Une bobine au relent de Snuff, qui rappelle la série des " Guinéa Pig ", les films de Sepuku.
ou bien encore les innommables "Angel Guts ".
Là où le film aurait pu s'orienter vers une dénonciation trash de la télé réalité qui envahissent avec constance nos petits écrans et ravalent l'être humain au rang de cobaye, le réalisateur reste droit dans ses bottes en ne s'embarrassant pas de réflexions philosophiques.
L'essence même de ce genre de bobines se trouve dans cette assertion du grand Yasuzo Masumura, réalisateur ,entre autre, du magnifique et mortifère "La bête aveugle ": " Il n'y a qu'une chose que je sais faire, c'est approfondir l'étude de l'être humain. Et cela ne peut se faire avec des téléfilms mélodramatiques, car il s'agit d'approfondir des deux racines sombres qui gisent au plus profond de l'homme, à savoir le sexe et la violence. La violence et le sexe sont des anges qui permettent de décrire les êtres solitaires et sans force vivant au quotidien dans la société et ils sont aussi l'unique moyen, pour les cinéastes désargentés et privés de liberté, d'affronter en face l'être humain".
Du pur cinéma d'exploitation trash et violent comme seuls les japonais sont apparemment capables d'en faire.
Voilà un beau cadeau à faire à une vieille tante moustachue confite dans ses croyances moribondes de grenouille de bénitier.
Dispo en zone 1 le 3 juin 2008 : http://www.unearthedfilms.com