Red screening

Al morir la matinée

Montevideo, capitale de l’Uruguay, est sous les trombes d’eau en cette journée de 1993. Plusieurs personnes profitent de ce sale temps pour se rendre dans un cinéma de quartier afin d’y voir un film d’horreur. Pas de chance pour eux, un psychopathe a également choisi cette séance pour aller trucider quelques spectateurs…

Red screening | Al morir la matinée | 2020

L'AVIS:

Produit en 2020 et sorti en Europe en 2021 après une projection au festival de Sitges en 2020, "Red screening" nous est parvenu en France sous format DVD chez Factoris Films. Peu de publicité autour de ce film par chez nous mais ce dernier passa toutefois sur OCS mais également au Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg (FEFFS pour les connaisseurs) dans le cadre des Midnight Movies en 2021

Pour information, plusieurs titres accompagnent ce film : nous avons tout d’abord le titre original "Al morir la matinée" (titre utilisé par OCS lors de sa première distribution française) ainsi que deux titres anglais que sont "Red screening" (titre choisi pour le dvd français mais également pour notre chronique sur le site) et "The last matinee" (titre donné au film au Canada, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni notamment).

Bon, tout ça c’est bien beau mais le film dans tout ça, ça donne quoi ?
Allez, partons dès à présent dans les entrailles du film de Maximiliano Contenti !

Quand nous visionnons "Red screening", nous avons l’impression d’effectuer un retour dans les Eighties (ces touches de synthé en guise musique par moments, ce vieux cinéma où se déroule l’action, cette façon de nous filmer les faits et gestes de notre tueur…), le tout dans une ambiance qui sent bon l’Italie et l’Espagne (la langue n’y est pas pour rien).
Et pour cause, on pense fortement à "Démons" (1985) de Lamberto Bava qui lui aussi se déroulait dans un cinéma mais également à "Angoisse" (1987) de Bigas Luna, certes pour le cinéma aussi mais également pour cette obsession du tueur pour les yeux (ce dernier retire les yeux de ses victimes une fois mortes).
Mais avec ses grands airs de giallo (des plans nous montrant les mains gantées du tueur, son arme blanche…) et cette affiche du film "Opéra" de Dario Argento, le film de Maximiliano Contenti transpire de manière plus générale le cinéma bis transalpin tout de même.

Avec son script peu travaillé, assez basique même dirons-nous, ne vous attendez pas à moult péripéties : nous sommes ici bien plus dans un slasher movies que dans un giallo malgré les similitudes citées juste avant avec ce genre cinématographique né en Italie.
Comprenez donc par là qu’il faut apprécier ce film comme un classique film de tueur qui ne brille pas par son scénario mais bien plus par son ambiance et ses meurtres.
Pourtant le film se permet tout de même quelques bonnes petites idées bienvenues (une corde de file d’attente utilisée pour fermer une porte et emprisonner notre psychopathe dans la salle de cinéma ou encore un téléphone de la billetterie rendu hors d’usage car explosé par un extincteur ayant servi quelques instants auparavant à péter la vitre de la cabine pour s’y introduire…) qui lui évitent de tomber dans un trop classique jeu de chasse entre un prédateur et ses proies (même si je ne vous cache pas que voilà bien là le fil conducteur de notre scénario).

Nous apprécierons l’ambiance « cinéma de quartier » forcément, loin de celle des multiplex d’aujourd’hui, avec ces petits cinémas avec leurs escaliers à moquette, leurs petits WC un peu craignos parfois, leurs deux ou trois salles maximum… Bref le théâtre idéal pour commettre des crimes tout en passant presque inaperçu du fait du peu de nombres de clients dans l’établissement.
Une certaine atmosphère anxiogène se dégage de ce film : enfermés dans un cinéma avec un taré du couteau, sans moyen de communiquer vers l’extérieur (l’action étant placée en 1993, le téléphone portable n’était pas encore dans la poche ou le sac à main des gens et seul le téléphone fixe permet alors d’appeler à l’aide), la panique s’installe chez les survivants une fois qu’ils ont compris qu’ils sont pris au piège, le rideau de fer étant fermé et le système d’ouverture/fermeture cassé.

Et pourtant, quelques scènes humoristiques (alors qu’un jeune homme hurle car il se prend de violents coups de couteaux dans le dos, la projectionniste pense qu’il crie car le film s’est arrêté et lui balance alors « Ca arrive, ça arrive ! », sans oublier cette scène dans laquelle un jeune homme semble bien embêté avec son sperme plein le pantalon suite à une petite masturbation en pleine séance…) parviennent tout de même à se frayer un chemin dans le film malgré cette ambiance oppressante presque omniprésente. Des moments où la tension redescend mais pour des temps très courts rassurez-vous, notre tueur n’étant pas du genre à nous laisser tranquillement patienter…

Les plans, les éclairages et l’utilisation de certains ralentis sont souvent bien choisis et viennent donner du qualitatif au contenu, histoire notamment de nous faire oublier le faible budget dont dispose l’équipe du film.
Alors oui, nous aurions peut-être aimé voir un peu plus de meurtres brutaux, un peu plus d’originalité dans les meurtres aussi, mais tant pis, ne faisons pas pour autant grise mine devant le film de Maximiliano Contenti qui saura vous secouer quelques fois sans problème.

Ce véritable nanar horrifique qui semble projeté dans la salle (en tapant rapidement sur Internet les mots « Frankenstein » et le nom de l’actrice « Michelle Shields » que l’on voit à l’écran il m’a été facile de retrouver le titre de ce film projeté dans le film : il s’agit de "Frankenstein : day of the beast", long-métrage que je ne connais pas mais qui a l’air cependant bien poilant) permet à nos spectateurs dans la salle de vagabonder un peu (l’un va aux WC, l’autre va draguer une jeune femme venue seule…) et ainsi de se diviser pour mieux se faire zigouiller par notre psychopathe. Astucieux car mine de rien il faut bien trouver une idée pour faire en sorte que les futures victimes se séparent pour faciliter la tâche de notre psychopathe.

Même si notre taré nous rappellera un certain tueur dans la saga "Souviens-toi...l’été dernier" de par son accoutrement, son manque d’habilité et son inaptitude à parer les coups nous renverront à un certain Ghostface de la saga "Scream" (il se prend des coups de savates à tout va, trois violents coups d’extincteur, un coup de pied d’un gosse bien placé dans les bijoux de famille…). Pour autant, il n’en demeure pas moins dangereux et trucidera pour notre plus grand plaisir quelques malheureux spectateurs.

Nous assisterons donc à une poignée de meurtres perpétrés à l’arme blanche (principalement) mais dont beaucoup se ressemblent (le fameux coup de couteau en plein cœur). Et pourtant, malgré la similitude entre certains meurtres, les coups font vraiment mouche à chaque fois car le réalisateur prend le soin de laisser le couteau tourner dans le cœur de la victime, filmant en gros plan le vêtement imbibé de sang et les yeux grands ouverts des victimes. Très saisissant !
Certains plans font vraiment mal à la rétine et peuvent crisper les plus nerveux et tendus d’entre nous (moi-même, une scène de section de nerf optique m’a quelque peu fait dresser le poil par exemple).

Ne pas spoiler (sans avertir au préalable) fait partie de nos principes chez horreur.com donc je ne dévoilerai pas ce qui pourrait sembler être l’une des motivations de notre tueur quelque peu fétichiste et gourmand… Allez, je m’arrête là et vous laisse découvrir ce petit produit d’Amérique du Sud si ce n’est déjà fait !

Au final, "Red screening" est un petit slasher movie bien sympathique sentant bon les Eighties et le cinéma bis transalpin, sans grande révolution scénaristique certes (genre cinématographique oblige dirons-nous…) mais tirant son épingle du jeu grâce à des meurtres qui pourraient paraître classiques sur le papier mais qui, devant la caméra de Maximiliano Contenti, apparaissent terriblement saisissants. Et que dire de ce final avec une petite révélation sur notre tueur qui là encore va vous faire griffer la jambe de votre voisin…

Red screening | Al morir la matinée | 2020
Red screening | Al morir la matinée | 2020
Red screening | Al morir la matinée | 2020
Bande-annonce
Note
4
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David Maurice