Mr vampire et les demons de l enfer
Ling huan xian sheng
Taoïste se servant de la complicité de deux gentils fantômes pour faire croire à la présence de spectres dans les maisons, Ming se charge d'exorciser des lieus différents. Mais surprise, ses derniers clients ont une maison réellement hantée par des forces spectrales et la fuite est choisie comme seule alternative. Il débarque par la suite dans un village menacé par des barbares surpuissant, que combattent ardemment les villageois du coin.
Aussi infantile que mièvre, le deuxième volet de la saga "Mr Vampire" avait grandement déçu et on attendait impatiemment un nouveau volet pour rectifier tout ça. Un bon retour aux sources, un véritable ghost-kung-fu-comedy s'éloignant du cadre contemporain.
Et c'est bien ce qui arrive en 1987 avec ce troisième épisodes considéré comme l'un des meilleurs films de la saga, poussant a fond le concept initial des "Mr Vampire".
D'une certaine manière, ce troisième volet sera le dernier à accueillir les deux acteurs fidèles à la saga : le très cool Lam Ching-Ying et le lourdingue Billy Lau. Enrôlé dans d'autres ghost kung-fu comedy, Lam Ching-Ying retrouve constamment le rôle du "fat si", moine taoïste puissant et sage, donc l'interprétation diffère peu selon les épisodes.
Mais il ne faut pas croire que Lam Ching-Ying a quitté tout de suite l'univers des "Mr Vampire" puisqu'il a incarné un autre "fat si" dans le spin-off "New Mr vampire 2" qui ne s'attarde plus sur la fantomette du premier film ainsi que le fameux Gyonshi surpuissant, mais sur le combat d'un prête taoïste contre un vampire occidental, qui ne semble pas se blesser au contact de la magie chinoise. Intitulé "Vampire Vs Vampire", il reste cependant inédit chez nous malgré une excellente réputation.
Aussi réussit soit-il, ce troisième volet ne fait appel à aucun véritable Gyonshi ! Oui, oui, la marque de fabrique de la saga est ici presque absente, et le seul clin d'œil qui lui est adressée est ce fantôme réincarné dans le corps d'un Gyonshi (crocs et costume à l'appui, mais pas la démarche). Ne cherchez pas de Gyonshi à l'écran donc, ou alors vous risquez d'être drôlement déçu.
En fait le film aurait pu s'appeler "Mister Ghost", ça n'aurait pas vraiment choqué grand monde. Car les grandes stars du film reste les fantômes et les zombies, qui étaient jusque là presque invisibles dans les deux premiers volets (je dis "presque" puisqu'on a pu voir quand même une belle dame de l'au-delà dans le premier opus).
La magie noire fait également son entrée, ainsi que de très nombreuses nouvelles méthodes pour supprimer l'ennemi.
On sera étonné dès le début du film, de la présence d'une idée cocasse qui sera (volontairement ?) reprise dans "Fantômes contre Fantômes", à savoir ce soit-disant chasseur d'ectoplasmes arnaquant les gens en faisant croire que de redoutables esprits frappeurs se trouvent dans leurs maisons, alors qu'il ne fait que d'utiliser un couple d'adorables fantômes, un jeune homme et son petit frère qui vont devenir très vite les personnages les plus attachants du film, peut être même de la saga. Se revêtant avec des costumes de mandarins, ils cherchent la paix en vivant avec leur maître Ming, qui les repousse en apprennant au cours de son aventure que les fantômes ne sont nullement fait pour vivre avec les humains. Trop attachés cependant, les deux spectres continuent de suivre Ming, en attendant une éventuelle réconciliation.
Mais la vie de Ming, taoïste un peu maladroit sur les bords, prend une nouvelle tournure lorsqu'il rencontre une troupe de villageois dirigée par autre maître taoïste aidé, comme le veut la tradition des ghost-kung-fu-comedy, par deux assistants un peu abrutis sur les bords.. L'un d'eux c'est l'inévitable Billy Lau, moins insupportable que dans le premier voire une pour fois assez drôle ! Il faut dire, son abattage est continuel et il en prend constamment plein la gueule comme en témoigne la scène du "pantin" reprise du premier, mais ici tout aussi drôle.
Offusquant le couple de fantômes accidentellement, il va en subir l'hilarante revanche, se retrouvant contrôlé comme une marionnette devant les clients ébahis d'un restaurant, multipliant les cabrioles, les chutes et manipulant même peu délicatement le postérieur de ses camarades ! Inutile de dire que rater une telle séquence serait idiot.
Après l'affreux Gyonshi du premier volet et la famille de vampire du deuxième, voilà que déboule un groupe de barbares semi zombies, manipulant parfaitement les poings et le sabre, et surtout gouvernés par une sorcière au féroce talent de guerrière des plus tenace. S'occupant amoureusement de ces morts-vivants de sbires, elle dégage une méchanceté et une cruauté inédite dans la saga des "Mr Vampire", utilisant abondamment la magie noire (résurection, possession, apparition de chauves souris voraces, manipulations hasardeuses…). Cet opus se démarque également des autres par un bestiaire un peu plus rempli, et riche en inventions de toutes sortes. On retiendra par ailleurs ce monstre blanc dégueu et collant, faisant de curieux bruits de pets et de rots, et qui sera le fruit d'une séquence de cache-cache démentielle.
Les fameux morceaux de bravoures faisant la réputation des "Mr Vampire" reviennent à la charge, et s'empilent sans temps morts, alternant gags délirants et combats hallucinants : c'est bien simple, dès l'intro, le ton est lancé avec l'apparition inattendue de cette famille de spectres peu commodes. Mais que ce soit l'attaque spectaculaire dans la foret bleutée, le faux Gyonshi coursant sans cesse son pauvre maître (qu'il croit transformé en oiseau géant après un malheureux envoûtement !?!) ou encore les deux morceaux d'anthologies cités plus haut (le restaurant et le monstre blanchâtre), ça va vite, très vite, et on en redemande encore et encore !
Mais outre tout ceci, ce troisième film enchaîne des idées surprenantes et drôlatiques, mais toujours irrésistible, à la manière du premier métrage : caméo de Sammo Hung, enfant spectre plié comme un linge, vase avaleur de fantômes, utilisation de la suie pour que les fantômes n'aperçoivent pas les humains, apparition poétique d'une femme fantomatique… Pas de doute, on retrouve vraiment dans le ton de "Mr vampire" premier du nom, et ça fait beaucoup de bien.
L'élément qui surprendra toujours dans cet opus et qui l'éloigne légèrement des autres films, reste cette noirceur, voire cette violence intégrée dans le film. Les personnage des barbares zombies et de la sorcière y sont pour beaucoup comme le démontre quelques idées bien tordues (le ralenti suivant le parcours de la sorcière et aboutissant à un résultat aussi sadique qu'inattendu ou les asticots servant à réparés les plaies et l'urine à les réouvrir) et la présence d'hémoglobine dans certains combats. Le burlesque est heureusement toujours présent, jusque dans le très amusant thème musical.
Reste à dire qu'une présence féminine agréable à la Moon Lee n'aurait pas été de refus mais là je chipote ! Car "Mr vampire et les démons de l'enfer" reste l'un des meilleurs films de la saga, arrivant sans trop peine à la cheville du premier.