Affiche française
FANATIC | FANATIC | 1965
Affiche originale
FANATIC | FANATIC | 1965
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Fanatic

Fanatic

Die! Die! My Darling!

Après la mort de son fiancé Stephen Trefoile, Patricia Caroll désire rencontrer la mère de ce dernier, qu'elle n'a jamais vu, afin de laisser le passé derrière elle et pouvoir vivre pleinement sa nouvelle relation avec Alan Glentower. La jeune femme se rend seule chez madame Trefoile, qui l'accueille avec bienveillance. Rapidement, elle découvre que toute la vie de madame Trefoile est basée sur une pratique accrue de la religion, qu'elle impose à ses trois domestiques. Pour Patricia, le séjour chez madame Trefoile qui devait être de courte durée va s'éterniser et la jeune femme comprend qu'elle est prise au piège et que tout ne tourne pas rond dans l'esprit de son hôte...

FANATIC | FANATIC | 1965

L'AVIS :

Le film noir et le thriller, la Hammer Films en a tâté dès le début des années 50. Le succès de leurs prestigieux films d'épouvante à la fin de cette décennie a occulté l'intérêt de la firme pour le thriller. Mais en 1955, le succès mondial du film français Les Diaboliques de Clouzot donne un regain d'attention pour le genre policier et la Hammer s'y engouffre à nouveau dès 1958 avec L'homme au masque de verre puis Méfiez-vous des Inconnus et Traitement de choc en 1960. Mais c'est réellement Hurler de Peur en 1961, qui connaît un grand succès auprès du public, qui donne conscience à la firme anglaise que les thrillers peuvent tout autant avoir la côte que les films d'épouvante, surtout si on mélange un peu les deux ambiances au sein du même film. La Hammer décide donc de poursuivre dans cette voie du thriller psychologique avec Maniac et Paranoiac en 1963, Meurtre par Procuration en 1964 puis avec Fanatic, Hysteria et Confession à un Cadavre en 1965. En 1970, on aura également Le Mannequin Défiguré d'Alan Gibson et enfin Straight on Till Morning et Sueur froide dans la nuit en 1972.

Si les thrillers de la Hammer n'ont pas la renommée de leurs compatriotes œuvrant dans l'épouvante, il ne faut pas pour autant les sous-estimer car il y en a de très bons et de très intéressants, Hurler de Peur faisant partie du haut du panier par exemple. Le film qui nous intéresse dans cet article, Fanatic, est également à mettre parmi les réussites de la Hammer dans le genre du thriller psychologique. Le film a donc été réalisé en 1965 par l'inconnu Silvio Narizzano (dont c'est le premier film pour le cinéma), d'après un scénario du grand Richard Matheson qu'on ne présente plus, scénario qui est une adaptation du roman Nightmare de Anne Blaisdell. Comme vous avez pu le constater en lisant la fiche technique du film, aucun nom connu de la Hammer n'est présent. Pas de Jimmy Sangster au scénario, pas de réalisateurs-phares ou même d'acteurs cultes de la firme à l'horizon. Certes, le nom de Richard Matheson suffit à provoquer un intérêt averti auprès des connaisseurs mais quand même ! Sommes-nous en présence d'un film mineur pour la Hammer, qui n'a que peu d'envergure et peu d'attrait ? Raté ! Fanatic est au contraire un très bon film, dont la principale influence provient du classique Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? réalisé en 1962 et qui lança quasiment à lui tout seul un nouveau sous-genre : le thriller psychologique avec une personne âgée en guise de star et de principale protagoniste ! De nombreux films suivirent le courant initié par le film de Robert Aldrich (Chut...Chut...Chère Charlotte, Mais qui a tué Tante Roo ?, La meurtrière Diabolique et j'en passe, on peut même citer des films d'horreur comme La Nuit de la Mort ou La Tour des Monstres par exemple qui font aussi partie de ce courant gérontophile...) et Fanatic en fait assurément partie, avec cette charmante mais complètement cinglée madame Trefoile, qui aurait pu s'appeler, à un changement de lettre près dans son nom, madame "TreFOLIE" !

Brillamment interprétée par l'actrice Tallulah Bankhead, madame Trefoile est au début du film une sorte de "Tatie Danielle", une vielle dame acariâtre qui n'arrive pas à se remettre de la mort de son chère et tendre fils, ce qui paraît assez compréhensible. Elle mène sa maison à la baguette, ses trois employés obéissant aveuglément à ses moindres ordres et demandes. L'arrivée de la charmante Patricia, ex-fiancée du fils de madame Trefoile, va être l'occasion de découvrir la véritable facette de cette dernière. La jeune femme est jouée quant à elle par Stefanie Powers, future Jennifer Hart de la série Pour l'Amour du Risque, de 1979 à 1984. L'actrice prouve avec Fanatic qu'elle est une bonne comédienne, le calvaire que va lui faire vivre madame Trefoile lui permettant d'exprimer diverses émotions avec talent et intensité, passant du simple amusement à l'inquiétude puis du stress à la terreur. Car madame Trefoile a un gros souci d'ordre psychologique certes mais également d'ordre religieux. C'est une bigote implaclable, qui ne vit que pour servir le Seigneur et appliquer à la lettre les textes divins dont elle s'abreuve à longueur de journées. Pas une minute ne passe sans qu'elle ne pense à louer le Seigneur et à surveiller que tout, dans sa maison et son entourage, ne rentre en contradiction avec les Ecritures. Interdit le rouge à lèvres et la couleur rouge, symbole du démon ! Interdit les miroirs, qui ne servent qu'à la vanité de l'être humain ! Interdit de manger sans avoir au préalable dédié le repas au Seigneur !

Ce qui amuse au départ Patricia, et le public également, car certaines répliques et situations sont de l'ordre de l'humour noir, amplifié par une musique au clavecin qui n'aurait pas fait tâche dans un épisode de la Famille Addams, va peu à peu prendre une tournure bien plus inquiétante et l'étau va petit à petit se resserrer autour de Patricia qui se retrouve totalement démunie face à la poigne de fer et l'assurance de la vieille dame. Un véritable jeu du chat et de la souris va s'instaurer entre les deux femmes et l'ambiance va monter crescendo, portée par la prestation parfois excentrique et excessive de Tallulah Bankhead, qui a été très difficile à gérer selon le réalisateur, due à son addiction à l'alcool. Honnêtement, sa prestation dans Fanatic est excellente et elle porte littéralement le film sur ses épaules, bien moins frêles qu'il n'y paraît. Bénéficiant d'un rythme alerte et d'une solide mise en scène, Fanatic est un très bon thriller qui mérite d'être remis à la lumière du jour de par ses nombreuses qualités. A noter une dernière séquence qui brille de mille couleurs et qui m'a rappelé l'ambiance de Six Femmes pour l'Assassin. On peut trouver pire comparaison pour ce brûlant pamphlet anti-religion !

FANATIC | FANATIC | 1965
FANATIC | FANATIC | 1965
FANATIC | FANATIC | 1965

* Disponible en combo DVD + BR + LIVRET chez ESC DISTRIBUTION
L'image est correcte, avec quelques petits points qui apparaissent deci delà mais rien de gênant. VOSTF uniquement. Niveau bonus, présentation de la firme par Nicolas Stanzick et présentation des thrillers psychologiques de la Hammer par Erwan Le Gac.

Note
5
Average: 4.2 (1 vote)
Stéphane Erbisti